Des violences ont éclaté en Équateur à la suite de l’évasion du chef du plus important gang du pays, et les autorités signalent un bilan de 10 morts.
Les images de violences armées en provenance d’Équateur se multiplient. Trois jours après l’évasion de prison du chef du plus important gang du pays, Adolfo Macias, alias « Fito », des bandes criminelles cherchent à imposer leur autorité dans le pays. Selon un premier bilan, cette crise sécuritaire sans précédent a déjà entraîné la mort d’au moins 10 personnes, ont indiqué les autorités ce mercredi 10 janvier.
En réponse à la situation, le président de l’Équateur, Daniel Noboa, a déclaré son pays en état de « conflit armé interne » et a ordonné la « neutralisation » des narcotrafiquants. Par le biais d’un décret officiel, il a prescrit « la mobilisation et l’intervention des forces armées et de la police nationale (…) pour garantir la souveraineté et l’intégrité nationale contre le crime organisé, les organisations terroristes et les belligérants non étatiques ».
Cette déclaration survient au lendemain d’une spectaculaire prise d’otages diffusée en direct sur un plateau de télévision à Guayaquil, comme illustré dans notre vidéo en tête d’article. Les journalistes et les employés de la chaîne ont été secourus à temps grâce à l’intervention des forces de l’ordre. Apparemment, aucune victime n’a été signalée dans l’incident, et 13 assaillants ont été appréhendés, selon les informations de la police.
Des actes d’exécution filmés dans les prisons
Les prises d’otages et les mutineries se multiplient principalement dans les prisons depuis l’évasion de « Fito », toujours en fuite selon les autorités, ainsi que celle d’un des chefs de Los Lobos, un autre gang puissant de narcotrafiquants. Selon un communiqué de l’administration pénitentiaire équatorienne (SNAI), pas moins de 139 gardiens de prison sont actuellement retenus en otage dans cinq établissements du pays.
Des vidéos troublantes circulent sur les réseaux sociaux, montrant des gardiens menacés par des détenus masqués, et même exécutés, au moins pour deux d’entre eux, par arme à feu et pendaison. Le SNAI n’a pas émis de commentaire sur les vidéos d’exécution. Parallèlement, les forces de sécurité ont diffusé des images percutantes de leurs interventions depuis dimanche dans divers établissements pénitentiaires, montrant des centaines de détenus en sous-vêtements, les mains sur la tête, plaqués violemment au sol.
Des policiers sont tombés en martyr, paralysant les villes
Le président Daniel Noboa, élu en novembre sur la promesse de rétablir la sécurité, a instauré l’état d’urgence, qui s’étend sur l’ensemble du territoire pendant deux mois. L’armée est donc habilitée à maintenir l’ordre dans les rues, avec l’imposition d’un couvre-feu nocturne, ainsi que dans les prisons. Cependant, jusqu’à présent, ces mesures semblent avoir un impact limité : de nombreux incidents, incluant l’enlèvement de sept policiers, ont été signalés à travers le pays.
À Guayaquil, la ville portuaire où s’est produite l’évasion de « Fito », le chef de la police a déclaré que les violences ont provoqué huit décès et trois blessés. La grande ville portuaire, plongée dans la peur, a vu de nombreux établissements hôteliers et restaurants fermer leurs portes, tandis que des véhicules militaires patrouillent dans les rues. Deux policiers ont également été « vicieusement assassinés par des criminels armés » dans la ville de Nobol, à proximité de cette zone.
Les images partagées sur les réseaux sociaux, bien que difficiles à vérifier, offrent un aperçu de ces violences et renforcent l’impression d’un chaos s’installant progressivement dans certaines régions du pays : attaques au cocktail Molotov, incendies de voitures, tirs indiscriminés sur les policiers, scènes de panique, etc. À Quito, la capitale, gagnée par la peur, des magasins et centres commerciaux ont également fermé prématurément.