Après la fuite d’Aldofo Macias, connu sous le nom de Fito, leader du plus important gang criminel du pays, le président Daniel Noboa a décrété l’état d’urgence.
Un sentiment de panique s’est installé en Équateur, où le président Daniel Noboa a proclamé l’état d’urgence ce lundi 8 janvier. Cette décision fait suite à l’évasion de la prison de Guayaquil, dans le Sud-Ouest, par Adolfo Macias, alias « Fito », considéré comme l’ennemi public numéro un et leader des « Choneros », le plus vaste gang criminel du pays avec environ 8 000 membres. Selon les experts, ce groupe est devenu le principal acteur du florissant narcotrafic en Équateur.
Le décret d’état d’urgence, valable pendant 60 jours sur l’ensemble du pays, inclut les prisons et instaure un couvre-feu de 23h00 à 05h00 heure locale (04h00 à 10h00 GMT). L’armée est ainsi autorisée à intervenir dans toutes les rues et prisons du pays.
À la suite de ces annonces, des émeutes ont éclaté dans les prisons, et la police a signalé des actes de violence dans la province d’Esmeraldas, située dans le Nord-Ouest et sous le contrôle de gangs. Des individus ont lancé un engin explosif à proximité d’un commissariat, provoquant l’incendie de deux véhicules, sans toutefois faire de victimes.
L’armée autorisée à intervenir
Au cours de la nuit de lundi à mardi, au moins quatre policiers ont été enlevés, dont trois en service dans la ville côtière de Machala (Sud-Ouest). Le quatrième policier a été kidnappé à Quito, la capitale, par trois individus à bord d’un véhicule aux vitres teintées et sans plaques.
Des images circulant sur les réseaux sociaux, bien que non vérifiées, montrent également des gardiens retenus sous la menace de couteaux par des hommes cagoulés. Ces derniers supplient le gouvernement d’agir avec prudence et de ne pas déployer de troupes dans les prisons.
Plus tard, des vidéos diffusées par les forces armées présentent des détenus étendus dans la cour des prisons, les mains sur la tête. L’administration pénitentiaire (SNAI) a précisé qu’aucune personne n’avait été blessée lors de ces “incidents”.
À Quito, la police a signalé l’explosion d’un véhicule dans le sud de la ville ainsi que la découverte d’un engin sous un pont piétonnier. Des forces de police et des militaires, lourdement armés, ont effectué des interventions dans plusieurs prisons du pays, en particulier celles où des gardiens avaient été pris en otage.
Les établissements pénitentiaires sont régulièrement le théâtre de conflits sanglants entre des factions rivales. Depuis février 2021, il y a eu au moins une douzaine de massacres, entraînant la mort de plus de 460 détenus.
Fito, un habitué de la fuite
De son côté, le parquet général a émis des accusations à l’encontre de deux fonctionnaires pénitentiaires « impliqués dans la fuite » d’Adolfo Macias. Dimanche, le chef de la police avait reconnu devant la presse qu’il était « introuvable à l’endroit où il aurait dû se trouver », une cellule de haute sécurité du pénitencier de la ville portuaire.
![](https://huffpost-focus.sirius.press/2024/01/09/87/0/2409/1606/1280/853/60/0/be54d90_1704792066251-000-349n2vc.jpg)
Adolfo Macias, alias « Fito », chef des « Choneros » ici photographié lors d’un transfert de prison le 12 août 2023
Doté d’une large barbe, “Fito”, réputé pour son charisme, a entrepris des études de droit en prison, réussissant à obtenir son diplôme d’avocat. Récemment, une chanson à son honneur, accompagnée d’un clip vidéo tourné dans sa cellule, a circulé sur les réseaux sociaux.
Son nom a été largement médiatisé ces derniers mois, notamment suite à l’assassinat début août d’un des principaux candidats à l’élection présidentielle. Adolfo Macias s’est échappé alors qu’il purgeait une peine de 34 ans de prison depuis 2011, condamné pour crime organisé, trafic de drogue et meurtre. Il avait déjà réussi à s’évader en 2013 avec d’autres détenus d’une prison de haute sécurité avant d’être capturé trois mois plus tard.