Depuis 2017, le père de famille est suivi en raison de troubles dépressifs et psychotiques. Il a fait plusieurs tentatives de suicide et avait poignardé sa femme dans le dos en 2019.
Un homme de 33 ans, père de famille et souffrant de troubles psychiatriques, est suspecté d’avoir commis lundi 25 décembre au soir un acte d’une grande violence en prenant la vie de sa femme et de leurs quatre enfants à leur domicile de Meaux, en Seine-et-Marne. Il a été appréhendé ce mardi 26 décembre à Sevran, en Seine-Saint-Denis.
Le jour de Noël, vers 21 heures, les forces de l’ordre sont intervenues au rez-de-chaussée de l’immeuble où résidait cette famille. Des traces de sang étaient visibles sur le palier, et à l’intérieur, cinq cadavres ont été découverts : la mère âgée de 35 ans et les quatre jeunes enfants, une fille de 10 ans, une autre de sept ans, un garçon de quatre ans et un nourrisson de neuf mois.
Les circonstances entourant le père, suspecté d’être l’auteur de cette tragédie, sont examinées.
L’individu en question a été confronté à plusieurs épisodes de tentatives de suicide
L’individu, né en 1990 à Colombes dans les Hauts-de-Seine et de nationalité française, a été appréhendé à Sevran, en Seine-Saint-Denis, chez son père. Lors de son arrestation, il a reconnu comprendre la raison de sa garde à vue, évoquant son mal-être personnel et sa dépression, selon les déclarations du procureur Jean-Baptiste Bladier. Actuellement, il est hospitalisé sous le régime de la garde à vue en raison de blessures significatives à la main.
Depuis 2017, cet individu est suivi pour des troubles dépressifs et psychotiques. Des ordonnances de tranquillisants ont été découvertes à son domicile. Les premiers éléments de l’enquête suggèrent qu’il aurait fait plusieurs tentatives de suicide en 2017 et en 2019.
D’après le procureur, l’homme souffrirait notamment de dysthymie, un trouble persistant de l’humeur considéré comme une forme de dépression mineure chronique. Des voisins l’ont décrit comme psychologiquement fragile, soulignant qu’ils avaient détecté un mal-être chez lui.
En 2019, cet individu avait déjà commis une agression au couteau envers sa compagne
Néanmoins, cet homme a déjà constitué une menace pour sa famille. Les premières investigations ont révélé des antécédents de violences au sein de ce couple qui s’est formé il y a 14 ans et a été marié en octobre 2023.
En novembre 2019, le père avait asséné un coup de couteau à l’omoplate de son épouse, alors qu’elle était à un mois et demi de son accouchement. Malgré cela, la victime, originaire d’Haïti, avait choisi de ne pas déposer plainte et avait décliné l’assistance d’une organisation aidant les victimes de violences.
Lors de son interrogatoire à l’époque, la victime avait expliqué que son conjoint “n’était pas bien depuis huit jours”, selon les propos du procureur Jean-Baptiste Bladier. Suite à cet incident, une enquête avait été lancée, et le conjoint avait été placé en garde à vue avant d’être hospitalisé en psychiatrie pendant deux mois.
Perte de discernement, présence de troubles dépressifs et psychotiques
La procédure avait été close en raison de l’état mental défaillant, a expliqué Jean-Baptiste Bladier. Une expertise avait confirmé la présence d’une abolition du discernement chez l’individu, suivi pour des troubles dépressifs et psychotiques depuis 2017.
Par conséquent, étant considéré comme non responsable de ses actes, le casier judiciaire de l’individu demeure « dépourvu de tout antécédent », a souligné le procureur.
Lors de son départ, le père de famille a expliqué ses actions en invoquant “ses idées noires et l’envie qu’il avait eue de se faire du mal”, à lui-même et non à son épouse, a précisé le procureur.
Le geste en question ne peut être attribué uniquement à la dépression
Cependant, en ce qui concerne le meurtre de sa femme et de ses enfants, Laure Westphal, psychologue clinicienne au GHU Paris psychiatrie et neurosciences, a souligné à BMFTV que “la dépression à elle seule ne favorise pas une telle violence et un tel acharnement”. Elle a indiqué clairement qu’il s’agit plutôt d’une décompensation psychotique.
La psychologue a expliqué que quelqu’un en état psychotique peut générer “des angoisses massives extrêmement importantes (…) si massives que la personne peut halluciner, développer un délire et se sentir persécutée”.
Une voisine, au courant des troubles psychiatriques du conjoint, a déclaré : « Je n’arrive pas à expliquer son geste. C’est quelqu’un dans sa bulle, il ne parlait à personne ». Selon elle, le couple n’était pas en train de se séparer, élément qui parfois déclenche de tels actes.
Il est important de noter qu’en moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France, avec 118 femmes tuées l’année dernière par leur conjoint ou leur ex-conjoint.