Le destin des ministres tels que Clément Beaune, Roland Lescure, Patrice Vergriete et Rima Abdul Malak, qui ont exprimé leurs réserves sur la loi sur l’immigration, semble actuellement incertain.
Suite aux menaces, les manœuvres s’intensifient. Avec la persistante rumeur d’un remaniement en ce début d’année 2024, plusieurs ministres affiliés à l’aile gauche du camp présidentiel cherchent à préserver leur place au sein du gouvernement en investissant les médias.
La situation de cette poignée de contestataires est sous étroite surveillance depuis leurs prises de position remarquées contre la loi sur l’immigration, jugée très à droite, mi-décembre. Parmi les ministres troublés par ce texte consacrant les positions de la droite dure, seul Aurélien Rousseau, en charge de la Santé, a franchi le pas en présentant sa démission le 19 décembre, signifiant ainsi une décision irrévocable.
Trois semaines plus tard, alors que le président de la République pourrait envisager de renouveler son équipe pour inaugurer une nouvelle phase de son second quinquennat, les autres ministres aspirent à conserver leur poste.
« Revenir dans l’arène »
Dans une entrevue publiée par Le Parisien le jeudi 4 janvier, Clément Beaune, l’un des membres du gouvernement qui met en avant son profil social et humaniste, déclare avoir encore des combats à mener, notamment sur la fin de vie ou la loi sur l’immigration. Il exprime l’espoir que des ajustements soient apportés à des mesures telles que l’Aide personnalisée au logement (APL) ou la caution exigée aux étudiants étrangers à l’université.
De manière franche, le ministre des transports, anciennement affilié au Parti socialiste, affirme : “Est-ce que je veux y participer ? Oui.” Bien qu’il ait reconnu que le texte avait évolué dans la bonne direction après des échanges avec la Première ministre, il souligne qu’il reste des combats à mener. Clément Beaune, qui avait organisé un dîner avec d’autres ministres en désaccord sur le texte le soir du vote, reconnaît la diversité des sensibilités et des débats au sein du camp présidentiel. Cependant, malgré les challenges, il déclare : “Mon tempérament, c’est de remonter sur le ring. J’ai envie de remonter sur le ring.”
Dans un autre contexte, son collègue Roland Lescure, également membre du petit groupe en désaccord avec le gouvernement, s’est exprimé de manière similaire lors d’une interview jeudi matin sur France Inter.
Les contestataires sur la sellette ?
Bien que le ministre de l’Industrie reconnaisse avoir eu des interrogations sur le texte dès la fin de la CMP (Commission Mixte Paritaire) et avoir rapidement discuté de ces questions avec les deux têtes de l’exécutif, il souligne que le président de la République lui-même a exprimé “ses doutes” sur France 5 après le vote et a saisi le Conseil constitutionnel. Ainsi, selon ses propos, “le travail continue”. Il tient à souligner qu’il apprécie ce travail, le qualifiant d’exceptionnel.
Cependant, est-ce que cela sera suffisant ? Le sort de ces ministres demeure l’un des points délicats de ce potentiel remaniement. Pour Emmanuel Macron, le défi se pose ainsi : peut-il écarter ces personnalités qui ont déclenché une fronde inédite au sein de son équipe gouvernementale, sans compromettre les dernières incarnations d’un positionnement “en même temps” de plus en plus précaire ?
Selon les récits de plusieurs médias, le président de la République serait agacé par le comportement de ces ministres qui ont évoqué la possibilité d’une démission si le texte controversé était adopté, sans pour autant passer à l’acte. Il aurait partagé cette frustration avec des journalistes lors de son déplacement en Jordanie le 21 décembre, où il a participé à une fête de Noël anticipée avec les militaires. Une chose semble certaine : ils ne recevront pas de cadeaux.