Élisabeth Borne a présenté sa démission le 8 janvier, et Gabriel Attal a été désigné le 9. Un Conseil des ministres était programmé pour le vendredi 12. Cependant, il reste à pourvoir les postes ministériels.
Tout ce que l’on peut affirmer, c’est que rien n’est certain. Deux jours après le changement de Premier ministre à Matignon, Emmanuel Macron et Gabriel Attal continuent leur délicate mission de constitution du nouveau gouvernement ce jeudi 11 janvier. L’incertitude persiste quant à la distribution des rôles et à la composition, dans un contexte de spéculations multiples.
Est-ce qu’un Conseil des ministres, normalement prévu pour vendredi, aura lieu avant la fin de la semaine ? Pour cela, il est nécessaire d’avoir une équipe gouvernementale. Le dévoilement de cette nouvelle équipe jeudi après-midi n’est pas écarté, selon une source proche de la présidence.
D’après une autre source impliquée dans les négociations, le président et son nouveau Premier ministre pourraient envisager une annonce en deux phases : une première série rapide concernant les ministres à part entière, suivie ultérieurement par une seconde, complétant le casting avec les secrétaires d’État.
Envisage-t-on de nombreux changements ? “Pour que cela ait de l’impact, il est nécessaire qu’il y ait des arrivées et des départs”, explique un conseiller de l’exécutif.
Le poids des anciens
En plus de ces choix délicats, Gabriel Attal, qui a partagé un dîner avec le président mercredi soir, prévoit de faire un troisième déplacement “thématique” en trois jours dans son nouveau rôle, selon ses proches. Mercredi, il a visité le commissariat d’Ermont-Eaubonne (Val-d’Oise), où il a souligné l'”effort absolu” attendu des Français pour assurer leur sécurité.
Accompagné du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le nouveau Premier ministre est assuré que celui-ci restera à Beauvau, comme il le souhaitait, après un échange avec le président qui lui a réitéré sa confiance, affirme une source proche du ministre de l’Intérieur. Sébastien Lecornu, dont le nom a été évoqué pour Matignon, pourrait conserver le portefeuille des armées. Bruno Le Maire, un autre poids lourd du gouvernement, est également pressenti pour rester à Bercy, tout comme Éric Dupond-Moretti à la Justice. Cependant, aucune certitude absolue n’existe quant à la validité de ces prédictions, car des noms circulent pour la plupart des portefeuilles ministériels.
En tant que plus jeune Premier ministre de la Ve République, Gabriel Attal semble-t-il tenir à maintenir ces ministres influents qui étaient déjà en poste avant l’arrivée de sa prédécesseure à Matignon, Élisabeth Borne ? La réponse sera connue dans les prochaines heures, voire les prochains jours.
La gauche marginalisée ?
Parmi les noms qui circulent en vue d’une entrée au gouvernement, celui de Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), est évoqué pour le Quai d’Orsay. Des changements potentiels de portefeuille incluraient Aurore Bergé, qui pourrait passer des Solidarités à l’Éducation nationale en remplacement de Gabriel Attal.
L’exécutif doit jongler avec diverses contraintes, tentant de respecter la parité, de ne pas négliger les alliés du MoDem et d’Horizons, tout en satisfaisant les secteurs soucieux d’avoir un ministre les représentant.
Le président du MoDem, François Bayrou, exprime ses « interrogations » quant à « l’expérience nécessaire » pour le choix du successeur d’Élisabeth Borne, une manière de faire pression sur la composition du gouvernement, selon un cadre macroniste parlementaire.
Les coulisses s’agitent avec des rumeurs sur les départs possibles lors du remaniement. Un cadre du camp présidentiel mentionne les départs éventuels d’Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, et de Clément Beaune, ministre des Transports, critiqué pour ses réserves sur la loi immigration. Plusieurs ministres de l’aile gauche de la macronie ont exprimé leurs désaccords face au recentrage à droite, posant la question de leur maintien au sein du gouvernement.
Le choix du futur ministre de l’Éducation sera particulièrement scruté, Gabriel Attal ayant souligné que la “cause de l’école” resterait une priorité.