Cette semaine, le gouvernement de Gabriel Attal devrait s’élargir avec l’arrivée de plusieurs nouveaux membres. Le défi sera de trouver un équilibre entre une équipe resserrée, gage d’agilité mais avec le risque de charges de travail trop importantes, ou l’intégration de nouveaux venus pour répartir les responsabilités. Une autre interrogation concerne le rôle d’Amélie Oudéa-Castéra, critiquée pour la gestion de son ministère combinant l’Éducation et les Sports.
Depuis l’arrivée de Gabriel Attal à Matignon le 11 janvier et l’annonce d’un premier groupe de ministres, de nouvelles nominations sont attendues au sein du gouvernement. Entre-temps, plusieurs sujets ont animé les débats, des controverses autour d’Amélie Oudéa-Castéra à la colère des agriculteurs. La question de la reconduction d’Amélie Oudéa-Castéra à son poste de ministre de l’Éducation et des Sports suscite des interrogations au plus haut niveau de l’État, alors que l’exécutif s’apprête à procéder à de nouvelles nominations pour compléter le gouvernement.
Dimanche, un conseiller de l’exécutif interrogé par l’Agence France-Presse a qualifié d’ “rumeurs” les spéculations concernant l’éventuelle intégration de nouveaux membres issus de la droite, ou l’inclusion du chef du MoDem, François Bayrou, qui a été acquitté lundi dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Après le rejet d’une motion de censure contre Gabriel Attal, Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement, a déclaré mardi 6 février sur TF1 que le “dénouement” du remaniement “n’a jamais été aussi proche”.
L’exécutif se prépare à nommer au maximum 15 ministres délégués et secrétaires d’État pour compléter les 14 ministres déjà en fonction, sous la direction de Gabriel Attal. Leurs noms pourraient être annoncés ce mardi.
L’épineuse situation d’Amélie Oudéa-Castéra
Amélie Oudéa-Castéra, confrontée à de fréquentes polémiques depuis sa nomination le 11 janvier, bénéficie de la confiance d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, a affirmé dimanche la ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec.
Soutenant également son maintien en poste, un proche d’Emmanuel Macron la qualifie de combattante. Il a souligné : “Humainement, c’est dur, mais elle résiste”.
Cependant, la question se pose : quel périmètre devrait-on donner à l’ancienne sportive ? Un ministre en sursis souligne : “Il est impensable qu’il y ait un ministre délégué à l’Éducation, ça voudrait vraiment dire qu’elle reste pour rester et si on lui adjoint un ministre aux Sports ça signifie que ce qu’elle aime et ce qu’elle sait le mieux faire ne sera pas traité directement par elle”. Il ajoute : “Elle vit un enfer”.
Pour certains membres de la majorité, la meilleure décision serait de dire : “On la laisse aux Sports ou elle sort”.
L’opposition réclame son départ
À l’Assemblée, la plupart des députés de la majorité présidentielle ont abandonné leur soutien à la ministre, selon un membre du parti, mais les intentions du président sur cette question demeurent mystérieuses. Dans les rangs de l’opposition, de nombreuses voix réclament son départ.
Pour le député écologiste Benjamin Lucas, sa démission serait un premier pas vers l’apaisement. Il souligne que la ministre semble ne pas avoir confiance en l’école publique, ayant choisi de scolariser ses enfants dans le privé, notamment à Stanislas, un établissement critiqué dans un rapport pour ses pratiques. Il compare cette situation à la nomination d’un opposant à la vaccination au ministère de la Santé.
La mobilisation des enseignants reste forte. Plusieurs syndicats, dont le Snes-FSU, la CGT et SUD, ont appelé à une nouvelle grève dans l’éducation mardi, après une première journée de mobilisation jeudi.
Par ailleurs, la ministre a subi un nouveau revers avec la démission du recteur de Paris, Christophe Kerrero, l’un des plus hauts responsables de l’Éducation nationale, vendredi dernier.
Les attributions ministérielles sont-elles trop vastes ?
Les responsabilités ministérielles, notamment dans les domaines de l’Éducation, du Travail, de la Santé et des Solidarités, semblent être trop étendues pour certains ministres, comme Catherine Vautrin et Christophe Béchu, qui cumulent plusieurs portefeuilles, y compris des domaines aussi variés que le Logement et les Transports.
Catherine Vautrin a indiqué qu’elle aurait des ministres délégués, mais sans donner plus de détails à ce sujet.
Au ministère de l’Économie, certains ministres sortants sont confiants quant à leur maintien, tandis que Bruno Le Maire plaide en faveur de la stabilité. Certains députés de la majorité soulignent que les ministres avec des responsabilités étendues ne peuvent se concentrer que sur les priorités, et ils attendent avec impatience la nomination de ministres délégués pour assurer une gestion plus efficace des dossiers.
Le répertoire d’Emmanuel Macron
Christophe Béchu a plaidé, au contraire dimanche, en faveur des avantages d’une équipe gouvernementale plus compacte, ce qui permet une meilleure réactivité dans les réponses à apporter, notamment en ce qui concerne la crise agricole.
Bien que tous les aspects soient pris en compte lors des remaniements, comme les équilibres géographiques et politiques, ainsi que la répartition des postes, admet l’élu Horizons.
De son côté, Emmanuel Macron apprécie d’avoir seulement cinq ou six numéros de téléphone pour les ministères régaliens à sa disposition, selon un cadre de la majorité.
Alors que le gouvernement penche vers la droite, le député de l’aile gauche de la macronie Sacha Houlié n’a pas plaidé en faveur d’un rééquilibrage. “Je juge les gens pour leurs actions et non pour ce qu’ils sont”, a-t-il déclaré sur franceinfo.
Le porte-parole du groupe MoDem, Erwan Balanant, souhaite quant à lui un rééquilibrage, ne serait-ce que dans l’intérêt de la majorité.