Le procureur de la République a indiqué que, suite à une évaluation psychiatrique, l’élève de 12 ans avait été considérée comme présentant un danger pour elle-même.
Dans la nuit du mercredi au jeudi 14 décembre, on a appris que l’adolescente qui a fait une tentative d’agression au couteau contre sa professeure d’anglais dans un collège à Rennes a été hospitalisée. Le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, a déclaré dans un communiqué que l’examen psychiatrique réalisé a conclu que “la mineure était ‘dangereuse pour elle-même’ et que son état nécessitait des soins en milieu spécialisé”, sans fournir plus de détails.
L’élève de 12 ans avait menacé mercredi matin avec un couteau une professeure d’anglais dans un collège de Rennes. L’enseignante avait réussi à s’enfuir et n’avait pas été blessée. Cette agression a suscité une forte émotion, deux mois jour pour jour après l’assassinat de Dominique Bernard, professeur de français poignardé à mort à Arras le 13 octobre 2023. Elle a entraîné l’ouverture d’une enquête pour tentative d’homicide volontaire sur une personne chargée d’une mission de service public.
Non fichée par la police
Le procureur de Rennes a expliqué mercredi que, en raison de son jeune âge, l’élève avait été initialement placée en “retenue judiciaire” avant d’être hospitalisée suite à un examen psychiatrique.
Selon les premiers éléments de l’enquête transmis par Philippe Astruc lors d’une conférence de presse quelques heures après les faits, la jeune adolescente, née à Marseille, est l’aînée d’une famille d’origine mongole composée de quatre enfants, en situation régulière, arrivée à Rennes en 2012 et inconnue des services de police. Le magistrat a précisé que la famille était athée et qu’il n’y avait “pas d’élément de radicalisation”.
Cependant, cette élève avait été exclue en juin d’un autre collège de Rennes pour des menaces et des insultes envers un professeur, et elle avait déjà introduit un couteau dans l’établissement sans en faire usage. Selon une source proche du dossier et un témoin, l’élève s’était vu confisquer son téléphone portable la semaine dernière par l’enseignante, ce qui aurait pu être à l’origine d’un différend. “Très honnêtement, je ne suis pas sûr que ce soit l’élément central de ce passage à l’acte”, a estimé le procureur de Rennes.
“Je vais agir de la même manière”
Mercredi matin, vers 9 h 30, au collège Les Hautes Ourmes, établissement REP+ situé dans un quartier populaire de Rennes, l’enseignante projetait un film pédagogique à une classe en demi-groupe, selon les précisions du procureur. La professeure, comme elle l’a déclaré aux enquêteurs, a remarqué qu’une élève était “agitée”.
Après s’être assise à côté d’elle, la professeure a entendu l’adolescente lui dire à voix basse : “Je suis folle aujourd’hui, j’ai envie de tuer quelqu’un aujourd’hui, j’ai envie de tuer les élèves qui ne m’aiment pas et la personne en face de moi. Ça s’est passé à Arras et je vais faire pareil”, faisant référence à l’assassinat de Dominique Bernard. Ensuite, l’élève menaçante a “sorti de son cartable un couteau imposant”, selon les termes du procureur de Rennes, qui a présenté une photo de la lame de 17 cm.
La professeure d’anglais a alors décidé “d’évacuer la salle” avant de sortir à son tour “avec l’élève menaçante derrière elle”. Une professeure d’espagnol qui enseignait en face “se rend dans le couloir et agrippe sa collègue, la fait entrer dans sa classe, ferme à clé et ordonne le confinement de ses élèves”.
Pendant ce temps, l’élève a continué à se déplacer dans l’établissement. Un conseiller principal d’éducation (CPE) et un médiateur, qui ont entendu une agitation anormale et des cris des élèves, “montent les étages et se trouvent nez à nez avec l’élève menaçante”, lui demandant de lâcher son couteau. Elle a tenté de s’enfuir, mais les deux hommes sont finalement parvenus à la maîtriser. Le ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a salué “l’immense courage et le sang-froid des personnels sur place qui ont su réagir face à cette menace”.