Les forces de l’ordre ont encerclé ces agriculteurs après leur intrusion momentanée dans une zone de stockage, où des actes de dégradation ont été constatés.
Le marché international de Rungis a fait l’objet d’une surveillance accrue ce mercredi 31 janvier à la suite des annonces d’actions de syndicats agricoles. Après l’arrestation en milieu de journée d’agriculteurs conduisant des tracteurs, des dizaines de personnes ont été interpellées et encerclées après avoir pénétré dans l’enceinte du marché de gros.
Au total, 91 individus ont été appréhendés cet après-midi et seront soumis à une garde à vue après avoir tenté de s’introduire au marché de Rungis (Val-de-Marne), selon les déclarations du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, sur BFMTV ce mercredi soir. Le préfet a souligné qu’une “ligne rouge a été franchie” avec cette “tentative d’intrusion”, rapidement maîtrisée par les forces de l’ordre.
Des individus ont momentanément pénétré à pied dans une zone de stockage et ont causé des dégradations, a précisé la source à l’AFP. Les forces de l’ordre les ont ensuite expulsés des lieux, et actuellement, aucune personne ne se trouve à l’intérieur du site.
Dans la vidéo ci-dessus, les manifestants sont visibles avec les mains en évidence, et l’un d’entre eux déclare aux forces de l’ordre : “On ne va pas vous taper, on n’est pas les mêmes que ceux du 9.3.”
Suite à leur interpellation, certains manifestants sont montés à bord des camions des forces de l’ordre, formant ainsi une nasse. Pendant ce temps, Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne, les encourageait à “rester tranquilles” et à “ne pas avoir peur”. Il a déclaré à la foule massée devant les bâtiments gris : “Vous ne risquez rien, et vous le savez.”
Ne pas quitter les lieux “sans obtenir des réponses positives”
“Ils tentent de nous épuiser”, a-t-il déclaré, entouré par les forces de l’ordre. Il a également soulevé le risque que les agriculteurs repartent au volant de leurs tracteurs sur les routes, épuisés après plusieurs heures de garde à vue.
“Nous n’avons rien endommagé !”, a-t-il insisté devant les journalistes présents. “Maintenant, ils nous encerclent, c’est le travail normal des forces de l’ordre, et parce que nous sommes des républicains, des agriculteurs responsables, tous des pères et des mères de famille ici, nous ne risquons pas de nous battre pour rien”, avait-il déclaré à l’AFP quelques minutes avant son arrestation, assurant que les “véhicules (des CRS) ne risquent rien, et eux non plus.”
“Il devrait y avoir une prise de conscience de la part de Gabriel Attal face à la colère des agriculteurs, et il devrait nous permettre de rentrer chez nous”, a-t-il également déclaré au micro de BFMTV.
“364 jours par an, en tant qu’agriculteurs et producteurs, nous avons la possibilité de visiter le marché de Rungis. Je ne comprends pas pourquoi aujourd’hui cela nous serait interdit”, s’interroge Karine Duc, co-présidente de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, sur CNews. Évoquant la “détresse énorme” des agriculteurs actuellement “encadrés” par les forces de l’ordre, elle exprime le souhait de ne pas les renvoyer dans leurs fermes “sans obtenir des réponses positives”.
D’après Franceinfo, après avoir été maintenus dans une zone délimitée pendant un certain temps, les membres de la Coordination rurale ont été conduits en bus vers les commissariats de la région. Karine Le Duc figure parmi les personnes interpellées, selon BFMTV.
Le président de la Coordination rurale de Dordogne, Eric Chassagne, a déclaré avoir été appréhendé par les forces de l’ordre, selon les informations de France Bleu. Il souligne qu’aucune dégradation n’a eu lieu.
À Créteil, plusieurs députés de La France insoumise (LFI) se sont rendus au commissariat en soutien aux agriculteurs interpellés. Parmi eux, on compte Clémence Guetté, Louis Boyard, Antoine Léaument et Jérôme Legavre. D’après les informations de BFMTV, 16 personnes seraient toujours en garde à vue à Créteil.
Vers 16h50, plusieurs dizaines d’agriculteurs, dont certains membres de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, sont arrivés devant des entrepôts en bordure du marché de Rungis, comme l’a constaté un journaliste de l’AFP. Pour Serge Bousquet-Cassagne, il s’agit du symbole d’une “mission accomplie”. “Nous avions décidé d’investir Rungis, nous avons investi Rungis”, s’est-il félicité auprès de l’AFP.