Ce 4 mars, Anthropic a présenté Claude 3, une mise à jour majeure de sa famille de modèles de langage de pointe. Les tarifs de la version la plus puissante ont été ajustés pour refléter ses performances accrues, entraînant une augmentation.
C’est maintenant le deuxième défi pour GPT-4. Après avoir été surpassé par Gemini Ultra 1.5, le modèle de pointe d’OpenAI doit faire face à un nouvel adversaire : Claude 3. Annoncé par Anthropic ce lundi 4 mars, Claude 3 surpasse GPT-4 d’OpenAI dans la plupart des cas d’utilisation, selon les évaluations comparatives. Tout comme Google avec Gemini, Anthropic a décidé de proposer son nouveau modèle sous trois variantes distinctes : Claude 3 Haiku, Claude 3 Sonnet et Claude 3 Opus. Le premier offre des réponses avec un temps de latence minimal, le second combine une latence réduite avec des performances élevées. Enfin, la dernière version, Opus, offre les meilleures performances pour une multitude de tâches complexes. Les performances sont liées aux coûts des modèles.
Digne concurrent d’OpenAI
Moins médiatisé qu’OpenAI, Anthropic émerge comme son rival direct. Ses fondateurs, les frère et sœur Dario et Daniela Amodei, sont des anciens de la maison : ils faisaient partie d’un petit groupe de chercheurs en désaccord avec la direction prise par OpenAI après l’investissement initial d’un milliard de dollars de Microsoft en 2019. Fondé deux ans plus tard, Anthropic était donc une réponse directe à OpenAI, partageant des ambitions similaires mais mettant davantage l’accent sur les mesures de sécurité dans le développement.
Fort du pedigree de ses dirigeants, l’entreprise a attiré 1,5 milliard de dollars d’investissements entre 2021 et le début de l’année 2023. Puis, en septembre, les choses se sont accélérées. Anthropic a reçu successivement plus de six milliards de dollars de promesses de financement de la part d’Amazon (quatre milliards de dollars) et de Google (deux milliards de dollars). C’est de loin le plus gros montant jamais réuni par des startups du secteur, après l’investissement de Microsoft dans OpenAI, estimé à treize milliards de dollars.
Anthropic continue sur sa lancée, selon le New York Times. En février, elle a encore réussi à lever 750 millions de dollars auprès du fonds américain Menlo Ventures, et elle envisage même de chercher de nouveaux investissements d’ici la fin de l’année. Sa valorisation a triplé en un an pour dépasser aujourd’hui les 15 milliards de dollars, un chiffre significatif mais loin des 80 milliards de dollars d’OpenAI. Cela s’explique en partie par le retard d’Anthropic dans la commercialisation de ses IA par rapport à son concurrent. L’année dernière, son chiffre d’affaires mensuel n’était que d’environ 8 millions de dollars, d’après le NYT.
Favori d’Amazon et de Google
En arrière-plan de la rivalité entre OpenAI et Anthropic se dessine une réédition de la bataille du cloud entre Amazon, Microsoft et Google, respectivement classés 1er, 2e et 3e sur le marché mondial. Dans le domaine de l’IA générative, Microsoft a marqué des points en obtenant l’exclusivité des modèles d’OpenAI sur sa plateforme et en capitalisant sur l’engouement pour ChatGPT. Amazon avait également besoin d’une vitrine pour sa stratégie dans l’IA, et a opté pour Anthropic. En effet, Claude-3 a déjà été intégré à leurs bibliothèques de modèles d’IA, sous le nom de Bedrock chez Amazon Web Services et Vertex AI chez Google Cloud. Résultat : le modèle de langage le plus performant du marché est disponible chez eux, tandis que Microsoft Azure ne propose que ceux d’OpenAI et de Mistral.
Il convient toutefois de nuancer les effets de la course à la performance, car l’impact de la rivalité des modèles sur le marché réel reste à démontrer. De plus, de nombreux experts estiment que les entreprises se tourneront de plus en plus vers l’utilisation de petits modèles d’IA spécialisés et moins coûteux, qui seront des versions dérivées des très grands modèles comme GPT-4 et Claude-3. Néanmoins, les performances des meilleurs modèles serviront toujours de vitrine pour attirer les clients.
Anthropic peut-il maintenir son idéal de l’intelligence artificielle ?
En réponse à OpenAI, Anthropic a fait de la sécurité de ses systèmes d’intelligence artificielle une priorité absolue. Dario Amodei, son dirigeant, a déclaré dans une interview l’année dernière qu’il estimait entre 10% et 25% le risque que l’intelligence artificielle représente une menace pour l’humanité. Afin de prévenir un tel scénario, la startup a introduit en septembre 2023 une échelle de dangerosité pour évaluer les dommages potentiels que pourrait causer un modèle en cas d’utilisation abusive.
En parallèle, elle a implémenté des mesures de sécurité adaptées à chaque niveau pour limiter les risques. Claude 3 est classé au niveau 2 sur cette échelle de dangerosité, sur 4, tout comme son prédécesseur Claude 2. La prochaine version du modèle devrait atteindre le niveau 3, ce qui signifie des garde-fous considérablement renforcés, tandis que la startup n’a pas encore déterminé les protections nécessaires pour un modèle de niveau 4. Cette priorité à la sécurité pourrait-elle freiner sa course à la performance future face à OpenAI ? Ou finira-t-elle par compromettre ?